Lancée en 2002 aux États-Unis, la technologie HD Radio promettait d’élargir le paysage radiophonique avec des stations supplémentaires. Aujourd’hui, ces radios offrent aux auditeurs américains une plus grande variété de choix. Cependant, comme l’analyse James Cridland, cette technologie n’a pas connu le succès espéré, malgré son potentiel considérable.

Selon les données de l’institut Nielsen rapportées par J. Cridland, les stations HD2/HD3, les canaux supplémentaires proposés par la HD Radio, ne représentent que 1,2 % de l’audience totale du média sur les marchés PPM aux États-Unis. Ce résultat, relativement faible, contraste avec le succès des stations DAB+ dans d’autres pays. Par exemple, en Australie, sur une semaine, 22,9 % des personnes âgées de plus de 10 ans à Sydney écoutent une station DAB+. Plus près de nous, le DAB+ représente actuellement 38,9 % de l’écoute totale de la radio au Royaume-Uni, contre 23,6 % en ligne. On notera que, dès 2001, l’offre DAB à Londres comprenait toutes les stations de la BBC et pas moins de 50 stations privées.

Cridland identifie deux problèmes majeurs dont souffre la HD Radio : l’expérience utilisateur et le marketing. À l’opposé du tuner DAB+, qui présente une liste alphabétique de stations facile à sélectionner, le récepteur HD Radio est nettement moins intuitif. De plus, James Cridland suggère que les stations HD2/HD3 ne font pas l’objet d’une promotion suffisante. Par exemple, dans la plupart des cas, un auditeur du 106.7-2 (HD2) ne sera pas comptabilisé pour l’audience de la station principale 106.7. Par conséquent, pour Cridland, cette situation réduit fortement l’incitation des opérateurs radio à promouvoir leurs canaux supplémentaires.

Autre facteur important : le modèle économique HD Radio ; Xperi, propriétaire de la technologie de diffusion, perçoit un pourcentage des revenus publicitaires et des ventes de récepteurs. Un système qui, selon Cridland, pourrait aussi « dissuader les radiodiffuseurs de faire la promotion de leurs stations HD2/HD3 ».

Malgré une offre plus large, la HD Radio n’a pas réussi à captiver de manière significative l’audience. James Cridland souligne que cette « opportunité manquée » a peut-être laissé le champ libre à des concurrents comme Sirius XM, l’opérateur américain de radio numérique par satellite. En guise de conclusion, l’homme nous rappelle que, alors que les radios US font face à des défis importants, illustrés par le récent dépôt de bilan d’Audacy, « l’industrie de la radio au Royaume-Uni et en Australie voit ses revenus augmenter ».

James Cridland est le rédacteur en chef de Podnews, une newsletter quotidienne sur les podcasts. Futurologue de la radio, à la fois écrivain, consultant et conférencier, son analyse complète est à lire ici.

En France, en dehors de rares exceptions, le DAB+ national propose principalement des programmes déjà existants en FM. En Belgique, aux Pays-Bas ou encore au Royaume-Uni, la nouvelle technologie offre aux auditeurs, outre la diffusion simultanée de programmes FM, une palette de stations thématiques déclinées de marques radio connues du public. Cela accroît davantage la valeur ajoutée du DAB+. Une approche qui illustre concrètement l’élargissement de l’offre de programmes rendu possible par le DAB+. Elle va au-delà de l’amélioration technique de la qualité sonore et, pour le grand public, d’une plus grande simplicité d’utilisation en offrant la possibilité d’étendre et développer les usages audio.